Thèbes sous les étoiles

Thèbes sous les étoiles

« Que le soir vous accueille et vous apaise, les voyageurs de la Haute-Egypte. Vous n’irez jamais plus loin parce que vous êtes arrivés. Vous êtes ici au commencement des temps. Vous êtes arrivés à la maison du père ». C’est avec ces mots que les visiteurs de Karnak commencent à écouter les secrets de la civilisation égyptienne révélés dans le spectacle magique de son et lumière du temple de Karnak.

Louxor by night

Une ambiance extraordinaire où se mêlent son, musique et jeux de lumière pour puiser au cœur de l’Histoire et faire revivre les héros du temps jadis. Un glorieux passé qui remonte à plus de 2 000 ans av. J.-C.

A Karnak, on peut suivre tous les détails de l’histoire égyptienne. C’est le lieu de résidence officiel d’Amon, le dieu à qui revenait toute victoire et aussi la prospérité du pays. Karnak est aussi le plus grand temple de l’Ancienne Egypte d’une surface de cent feddans. Il s’appelait le lieu de prédilection, car les Egyptiens le considéraient comme l’endroit le plus saint. Aujourd’hui, il se présente aux yeux des visiteurs comme une exposition d’art et d’architecture et aussi un témoin de la vie et des monarques du Nouvel Empire.

Les nuits de Karnak sont transformées dès 1972 en jour perpétuel par le spectacle son et lumière pour révéler l’histoire de Thèbes. Une apothéose de lumière qui renforce la beauté des monuments, les rendant plus captivants aux yeux des spectateurs, éveillant leur imagination et leur laissant des souvenirs inoubliables. Les histoires des ancêtres s’éclaircissent et leurs images s’éveillent, inondées de lumières par les milliers de projecteurs. Leurs voix lointaines se font entendre pour conter la mythologie et faire sentir la sagesse et la gloire de la civilisation égyptienne. Des milliers d’étrangers et d’Egyptiens y affluent pour poursuivre une présentation réellement attrayante de l’histoire du temple d’Amon, des exploits des grands pharaons du Nouvel Empire, les chefs-d’œuvre contenus dans un temple aussi immense et varié tout en passant en revue toutes les gloires des XVIIIe et XIXe dynasties.

La technologie au service de l’Histoire

Et pendant environ une heure et quart, le spectacle composé de plusieurs étapes successives emmène les spectateurs dans un voyage au cœur de l’Histoire tout en se déplaçant dans tous les recoins du magistral temple. En arabe, anglais, français, allemand, japonais, espagnol, italien ou russe, les langues diffèrent, mais l’histoire est la même. Sur le débarcadère du temple, les spectateurs, de tous âges, se groupent face au premier pylône devant l’allée des béliers pour écouter une présentation historique sur la fondation de Thèbes et la nativité de Karnak. « La cité de dieu était une forteresse où toute une garnison mystérieuse de desservants veillait sur la grande machinerie divine », explique la voix. Grâce à la technologie moderne, ces édifices sont sortis de leur mutisme pour parler aux visiteurs. Impressionnés par cette ambiance de mysticisme et de sanctification, les spectateurs se déplacent vers la cour péristyle où ils écoutent les exploits des grands pharaons qui ont participé à la construction de Karnak, racontés par les rois : Amon, Seti, Ramsès III, Toutankhamon et Ramsès II. Ensuite, c’est dans la grande salle hypostyle où tout le monde est ému par une description poétique de la grandeur d’Amon, rehaussée par la musique et le son des cantiques.

Art et sciences ensemble

Une visite nocturne des sites archéologiques, mais aussi une conjonction de l’art et de la science pour jouir de ce que l’histoire renferme de glorieuses réalisations. Les étrangers sont pris par la magnificence de Karnak et les Egyptiens qui semblent être fiers de leurs ancêtres. Et le voyage au cours du temps se poursuit. Le quatrième arrêt intervient dans la cour de la cachette où les égyptologues ont découvert des milliers de statues enfouies à des profondeurs variées. Là, l’auditoire prête l’oreille à une description de tous les trésors artistiques et du patrimoine culturel du temple d’Amon. « C’est ici, dans un recoin de cette cour, que les archéologues connurent leur plus belle fête quand fut mise au jour ce qu’on appelle la cachette de Karnak. Car de temps en temps, pour accueillir les apports nouveaux, il fallait faire place nette des anciennes offrandes. Et là, dans une seule fosse commune, l’on a pu retrouver d’un seul coup 779 statues de pierre et 17 000 statues de bronze, sans compter les statues de bois qui n’avaient pas résisté. … Et parmi elles la sublime statue du grand bâtisseur Thoutmosis III », raconte la voix rauque en poursuivant : « Notre voyage au cœur de la nuit va déboucher sous les étoiles », invitant les spectateurs à la partie la plus impressionnante du spectacle.

Un Lac toujours sacré

Sur le Lac sacré, les assoiffés de connaissance et de culture sont assis sur les gradins au bord de l’eau, de manière à avoir une vue de l’ensemble du temple. Un moment euphorique et glorieux où se présente un défilé des époques qui ont fait la grandeur de Karnak, mais aussi des époques sombres qui ont défiguré son aspect. C’est l’histoire de l’érection de ces fabuleux monuments et aussi le souffle de vie redonné à ces ruines silencieuses. « On a dit de Thèbes qu’elle était la ville initiale, la ville majuscule. Homère l’a baptisée à jamais la Ville aux cent portes, car cent trompettes chantent sa renommée. Et Champollion dit que Thèbes est le plus grand mot qui existe dans aucune langue ».

Des sons qui semblent sortir de l’Histoire, racontant aux visiteurs le parcours de la capitale de l’Egypte pendant plusieurs siècles, au rythme d’une musique qui fait rêver et des reflets lumineux sur le lac, qui éclaircissent d’un temps à autre les grands sites archéologiques du temple. Le voyage est terminé : « Qu’ils s’animent une dernière fois, ces hiéroglyphes, pour vous offrir, nouveaux pèlerins de la Haute-Egypte, en guise de salut, l’envol soudain de milliers d’oiseaux sacrés soulevant, de leurs ailes délivrées, les gouttelettes du fleuve comme une bénédiction ». Mais la ville de Thèbes préservera toujours sa gloire et restera le point de mire des pèlerins cherchant d’autres secrets de la civilisation de l’ancienne Egypte.

Doaa Khalifa