Faut-il avoir peur d'aller en Egypte?

Déjà avant la Révolution, certains manifestaient des craintes à propos de l'Egypte alors que ce pays a connu moins d'attentats que d'autres comme l'Espagne, la Turquie, le Maroc, la Grande Bretagne... où les touristes partent pourtant sereins !

La méconnaissance totale de la géographie du pays est aussi une cause de ces frayeurs irréfléchies car, comme vient de me le demander un Dijonnais, " Faut-il craindre pour sa sécurité à Hurghada et sur le Nil, suite aux événements du Caire? "

Là, je répondrai OUI, il faut avoir des craintes ! Autant qu'on en a à se rendre à Nice quand il y a des manifestations à Dijon, tout comme il faut craindre d'aller à Biarritz quand il y a des mouvements de rue à Paris !

Les croisières sur le Nil ont lieu à plus de 700 Km du Caire, Assouan est à près de 1.000 Km de la capitale.

Et même au Caire, les manifestations ont lieu à certains endroits précis de cette ville de la taille d'un département français. Pour vous en donner une idée, entre la Cité du 6 Octobre et Ramadan City, les deux banlieues les plus éloignées, il y a près de 200 Km !

Si vous allez au Caire, tout comme vous le feriez dans votre ville, tenez-vous à l'écart des manifestations et vous n'aurez aucun problème.

Quant aux cités balnéaires, aux croisières sur le Nil, aux séjours à Louxor, Assouan ou dans les oasis, aucune crainte non plus.

Jamais un seul touriste étranger n'a été inquiété ou sa santé mise en péril.

L'Egypte est un pays civilisé, pas un pays de sauvages !

Les manifestations en Europe se passent-elles toujours dans le calme ?

N'oubliez pas que les Egyptiens luttent pour éviter que leur pays retombe sous une dictature, et qui plus est, une dictature à caractère religieux. Ils veulent vivre libres, égaux, ils veulent que leurs enfants puissent grandir autrement que dans la pauvreté et l'ignorance, que dans le désespoir .

Car la grosse majorité des Egyptiens sont pauvres, très pauvres, plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Si, pour le moment, ils vous parleront de leurs difficultés, c'est pour que vous sachiez quelles sont leurs conditions de vie, ce n'est pas pour que vous leur fassiez la charité.

Quoi de plus insultant pour les Egyptiens de s'entendre refuser les traditionnels bakchichs sous prétexte de " nous sommes venus pour vous nourrir, c'est déjà bien de notre part".

Oui, vous serez harcelés pour entrer dans les boutiques des souks, pour prendre un taxi, une felouque, une calèche. Quoi de plus normal, quand le travail manque,que chacun tente sa chance ? Mettez-vous un instant à leur place ! Croyez-vous qu'on puisse vivre sur ses économies durant près d'un an quand on perçoit un salaire d'une centaine d'euros par mois, parfois moins ?

Maintenant, la notion de " voyage solidaire" prend toute sa signification.

C'est à nous d'agir pour les aider. Pas pour les humilier ou profiter de leur situation précaire. Ni pour solliciter des tarifs plus bas sous le prétexte qu'ils ont besoin de travailler et que donc ils doivent accepter nos conditions ! Là, c'est du pur colonialisme, pour ne pas dire esclavage.

Partez sans craintes, vous ne risquez rien ... et si vous craignez, réfléchissez et pensez que, par exemple, un pays comme la Belgique vient de faire monter son niveau d'alerte " terrorisme" de 2 à 3 sur une échelle qui va de 1 à 4. Oui, là, il y a menace, tout comme en France où le plan Vigipirate est enciore d'actualité.